par Laurence Picot | Déc 7, 2018 | Récits |
Ma drink station est faite !
J’ai cette idée dans la tête depuis environ un an. Car, en juillet 2017 je suis allée avec des amis partager une drink pendant 3 jours. Cette expérience m’avait bien plu.
J’en avais fait le récit, vous pouvez donc le retrouver ici.
Pourquoi construire ma drink station?
C’est avant tout pour le côté pratique. Je peux désormais utiliser ma drink station quand je le souhaite. Mais aussi sans faire beaucoup de kilomètres et je n’ai pas nécessairement besoin d’avoir beaucoup de temps libre pour en profiter. Je peux y aller pour une heure ou beaucoup plus en fonction de mes disponibilités.
Ensuite comme beaucoup de photographes animaliers (mais aussi promeneurs) je suis contrainte en période de chasse de limiter mes sorties photos dédiées aux mammifères. J’ai quand même la chance de pouvoir me rabattre sur le bord de mer. Mais, les marées ne sont pas toujours propices à la photo.
Jusqu’à présent je pallie par la mise en place de mangeoires pour les passereaux entre décembre et mars. En ajoutant une drink station j’espère attirer d’autres espèces et aussi avoir d’autres scènes d’action à photographier.
La construction de ma drink station
Le but de l’opération est de construire une drink sans se ruiner !
Pas question donc de copier la drink que j’ai visité en 2017.
Qui dit drink dit aussi affût. Il y a deux ans, j’ai construit un petit affût fixe pour observer les passereaux à la mangeoire. Là encore rien de coûteux. C’est juste une ossature en bois que j’ai recouverte avec une bâche plastique verte qui est agrafée sur la structure.
Je vais donc pouvoir placer la drink devant cet affût. Mais je dois tenir compte des contraintes qui y sont liées. En effet pour conserver l’intérêt de la drink il faut que l’appareil photo soit placé au niveau du plan d’eau. La drink doit donc être à la même hauteur que la fenêtre de mon affût soit ici 70 cm. Le bassin sera donc sur pied.
Le matériel utilisé
Pour la construction, j’utilise au maximum du matériel de récupération. Les pieds sont d’anciens piquets de clôture. La base était pourrie, je l’ai coupée pour ne garder que la partie saine. Pour le plateau, j’ai profité que ma sœur change son abri de jardin. je n’ai plus qu’à trier les planches et les récupérer pour construire mon plateau. J’ai aussi besoin d’une petite planchette, que je trouve sans mal dans mon garage… Le reste du matériel je l’achète :
- quelques tasseaux pour faire le cadre du bassin
- des visses de différentes tailles
- une bâche pour bassin à poisson (2mX3 m)
Bref l’ensemble coûte environ 60 -70€
La construction
La première étape consiste à assembler le plateau. Il mesure 2.4m de long pour un peu plus d’1m de large.
Le plateau est vissé sur des traverses qui proviennent de la grande palette sur laquelle le nouvel abri de jardin a été livré.
Tout se récupère je vous dis !
Ensuite il faut fixer les pieds. Ça commence à prendre forme…
Bon maintenant, si on veut mettre de l’eau il faut faire un cadre. Mon bassin fera 2m de long et 1m de large. Ainsi, je garde au bout une plateforme de 40 cm par 1 m. Cette surface me permet de garder un espace pour que les oiseaux se posent. Bien sûr cette zone sera décorée.
Le cadre du bassin ne doit pas être très haut. Je n’ai pas besoin d’avoir de la profondeur. Une dizaine de centimètre me semble suffisant. Si je mets plus il me faudra plus d’eau pour remplir le bassin. Cela fera aussi plus de poids à supporter pour la structure. Il ne faut pas non plus noyer les oiseaux ! Voilà pourquoi, j’ai installé un petit plan incliné. Il y a donc une pente douce qui permet aux petits oiseaux d’accéder au plan d’eau sans perdre patte !
Il n’y a plus qu’à recouvrir le tout avec la bâche spécial bassin. Je fixe la bâche avec quelques clous et le tour et joué !
Positionner la drink et la décorer
Je transporte la drink jusqu’au champ et je la positionne devant l’affût. il faut vérifier qu’elle est bien de niveau et ajouter des cales si nécessaire.
Attention aussi à ne pas positionner la drink trop près de l’affût. En effet il faut penser à s’aligner sur la distance de mise au point minimum de l’objectif qui sera utilisé pour les prises de vue. Dans mon cas la distance entre le bord de la drink et l’affût est de 2.4 m.
L’étape suivante c’est la mise en eau. Pour remplir ma drink station j’ai mis 70L d’eau.
Enfin, il faut ajouter un peu de décoration pour rendre le tout plus naturel.
Je commence par mettre de la terre sur la plateforme et je recouvre de mousse.
Puis j’habille les côtés avec des branches…
Sur le côté j’ajoute un piquet et des souches au pied. Avec un peu de chance un pic ou une buse viendra se poser….
Je vais pouvoir disposer des graines cachées dans les mousses, les branches et les souches.
Pour finir je mets une branche qui part sol et repose sur la drink, cela donne un accès pour les petits mammifères.
J’ai également construit une boite que j’ai fixée sur un piquet. je la place près de la drink mais en dehors du champ de prise de vue principal.
Dans cette boite je peux stocker assez de graines pour nourrir les oiseaux même si je ne viens pas pendant plusieurs jours. Ainsi, les oiseaux vont prendre l’habitude de venir se nourrir et petit à petit ils vont adopter les lieux.
Tester la drink
Je me poste dans l’affût pour vérifier que tout est bon et au bout de 20 minutes mon premier visiteur arrive !
D’autres viendront c’est certain, il faut juste être patient!
Et vous? avez-vous aussi envie de construire votre drink station?
Utiliser et améliorer
Après quelques semaines d’utilisation, les oiseaux arrivent de plus en plus nombreux.
Je me rends vite compte qu’ils ont tendance à éparpiller les écorces des graines sur le bassin. Donc, pour garder l’eau la plus propre possible j’ai acheté une mini épuisette pour aquarium.
Cela me permet d’éliminer les débris de graines de tournesol qui flottent à la surface de l’eau et qui ne sont pas jolies sur les photos…
Une autre amélioration consiste à mettre au centre du bassin, une jolie pierre recouverte de mousse. Celle-ci affleure juste en surface. Comme ça , les oiseaux peuvent s’y poser pour boire facilement et j’ai ainsi un joli reflet!.
par Laurence Picot | Nov 2, 2018 | Récits |
Sylt (prononcer Zeult enfin à peu près….),Vous connaissez? Non, Alors laissez-vous guider vers cette petite île du nord….
Sylt, situation géographique
Sylt est une île située au nord de l’Allemagne, face au Danemark.
Elle est reliée au continent par une digue ferroviaire.
L’île est tout en longueur et mesure environ 36km. On distingue 3 grandes zones habitées, au centre Westerland, au nord List et au sud Hörnum.
Sylt est le Saint Tropez des Allemands, c’est le lieu le plus ensoleillé d’Allemagne et de riches Allemands y ont leur résidence secondaire. Je dois dire que je n’avais jamais croisé autant de Porches et de Ferrari.
Mais si je suis allée là bas c’est pour une toute autre raison.
Sylt est bordée par la mer des Wadden. C’est un lieu de passage privilégié pendant les migrations des oiseaux et aussi pendant la nidification. Elle abrite également une station de recherche de l’institut polaire Allemand. C’est donc grâce à mon ami Alexandre Fellous , chercheur là bas, que j’ai pu découvrir cette île nordique.
Sylt – se loger – se déplacer
Se loger
Comme je le disais plus haut, cette île est le lieu de rendez-vous de la jet-set Allemande. Se loger à l’année n’est donc pas à la portée de tous. Mais, il y a aussi tout un panel de logements mis en location à la nuitée. Les appartements sont regroupés au centre et au sud. Et, avec une rapide recherche sur le net vous n’avez que l’embarras du choix. Pour 2 personnes on trouve facilement un 30m² tout équipé pour 60€ la nuitée. De même, les boutiques de luxe côtoient des enseignes de moyenne gamme.
Se déplacer
Le meilleur moyen pour visiter l’île c’est de se déplacer à vélo. Mais attention, les statuent sont là à votre arrivée à la gare de Westerland pour rappeler que île est constamment balayée par le vent.
Un vent violant qui vous retourne la tête !
Alors pour profiter pleinement de votre séjour, je vous conseille la location de vélo électrique (100km d’autonomie)..
On trouve des loueurs à tous les coins de rue et la journée de location coûte une vingtaine d’euro. Attention pour la location il faut présenter son passeport et payer en liquide !
Ici tout est fait pour se déplacer en toute sécurité. Une piste cyclable traverse l’île du nord au sud et dans les villes, les trottoirs ont une voie réservée aux cyclistes.
Et si vous êtes anti vélo, il vous reste le bus ! Une carte pass à la journée coûte 10€.
Sylt – Observer la faune et contempler les paysages
Le faune
La grande diversité et la concentration des différentes espèces d’oiseaux font toute la richesse de cette île.
Regroupement en masse
Je suis allée là bas mi octobre et même si encore tôt dans la période de migration, j’ai déjà croisé des groupes bien denses et assisté à des envols magnifiques!
Les oies cendrées, les bernaches ou encore les nonnettes commencent à arriver en nombre. Et le soir, elles se regroupent par centaine dans les prairies pour passer la nuit.
Si les oiseaux sont si nombreux à venir sur Sylt, c’est parce qu’ici ils ont tout ce qui est nécessaire pour se reposer et se nourrir. En effet à marée basse la mer fait place à de vastes étendues de vases. La petite zostère est une plante marine qui pousse dans cette vase, les canards et les oies en raffolent. Mais dans la vase il y a aussi tout un tas de micro organismes qui font la joie des oiseaux limicoles comme les barges, les courlis ou encore les pluviers.
Ou en plus petits groupes
L’île offre aussi des espaces avec des buissons dont les fruits font le bonheur des oiseaux.
Au centre de l’île il y a aussi de grandes zones de marais avec de belles roselières et c’est dans ce milieux que j’ai pu observer un petit passereau que je rêve de voir depuis 3 ans : Le panure à moustache.
le panure à moustache mâle
La femelle du panure est plus neutre et n’a pas les moustaches noires
Sur le littoral avec un peu de chance, on observe parfois des oiseaux qui sont plus discrets que les canards ou les oies, comme en témoigne ma rencontre avec ce plongeon catmarin .
Mais, sur l’île de Sylt il n’y a pas que des oiseaux et on croise aussi la route de certains mammifères
Les paysages
La grande digue qui part de List pour aller la pointe nord est endroit typique
Et si la digue sert surtout à protéger la dune des assauts de la mer, c’est aussi un spot idéal pour observer les vols des oiseaux juste au dessus de nos têtes.
Avec des paysages de dunes, de marais ou encore d’immenses plages de sable on pourrai se croire chez moi dans le Cotentin !
Mais, comme nous sommes en Allemagne, l’accès aux dunes est réglementé, on ne se promène pas n’importe où il faut suivre les chemins aménagés.
Et l’accès à certaines plages équipées de confortables fauteuils cabine est payant…
Mais le coucher de soleil lui est gratuit.
Et quand le ciel s’embrase
Il n’y a plus qu’à contempler et immortaliser l’instant
Jusqu’à ce que seule la lune brille dans le ciel…..
L’an prochain j’aimerai y retourner au printemps et pourquoi pas passer quelques jours sur l’île d’Helgoland, mais ça c’est une autre histoire.
En attendant, si l’île de Sylt vous semble trop loin, vous pouvez toujours venir dans le Cotentin, visiter un autre paradis des oiseaux
par Laurence Picot | Sep 23, 2018 | Récits |
Goupil, ce mot a traversé les époques, il vient du moyen âge. Rien que son évocation fascine et engendre légendes et polémiques.
Quand j’ai commencé la photo animalière en 2014, je pensais que photographier le goupil serait hors de ma portée. En fait je ne connaissais rien à cet animal. Les seules fois où j’avais eu la chance de l’apercevoir (et oui déjà à l’époque c’était une chance) c’est quand je partais très tôt entre 5h30 et 6h du matin au travail. Des visions furtives de notre ami goupil qui à chaque fois provoquaient une montée d’adrénaline!
J’imaginais que le renard ne sortait que la nuit et je ne pensais pas pouvoir le photographier un jour. Mais en suivant la formation « les ateliers du photographe animalier » de Régis Moscaridini, je me suis rendue compte que cela était possible. Et, grâce aux cours sur le renard, dispensés par Fabien Gréban, photographier le goupil est devenu une sorte d’obsession, la recherche du Graal !
Se documenter sur le goupil
Mais attention, photographier le goupil, comme toute autre espèce, cela se prépare.
Avant tout, il faut se documenter. Car connaître le mode de vie de l’animal est indispensable. Cela permet de savoir ce qu’il mange, où il vit mais aussi quelle est la meilleure période pour l’observer. Mais ce n’est pas tout, vous allez aussi apprendre l’approcher sans le déranger !
Le repérage
C’est une des phases cruciales. Car le renard est un animal assez furtif. Cela est dû à des siècles de traque que l’Homme lui inflige. Alors vous allez devoir aller sur le terrain et apprendre à repérer les traces et les indices qu’il laisse de son passage.
La première rencontre
Je sais qu’il est là, j’ai déjà entrevu sa silhouette mais sans encore pouvoir l’approcher.
Mais, cette fois, la chance est avec moi. Et en ce début juillet, lorsque j’arrive dans le champ, il est là ! Il est là mais il est loin. Plus de 150 m me séparent de lui. Par contre, je suis à bon vent et les rouleaux de foin peuvent me servir pour approcher le plus discrètement possible. Mon cœur bat la chamade, vais je y arriver? Approcher sans le faire fuir est un véritable défit !
J’avance, lentement, aussi loin que me permet le dernier rouleau. Goupil vaque à ses occupations. En fait il se régale avec les cerises qui sont tombées au pied du meriser à la lisière du bois.
Cachée derrière le rouleau de foin, je me relève lentement, là j’observe le renard, mais je ne suis pas à bonne hauteur pour le photographier. Alors, je profite de l’ombre que le soleil projette devant le round baller pour me blottir au pied. Je suis à découvert mais dans l’ombre et en tenue de camouflage. De plus, un petit filet de camouflage vient recouvrir mon boitier et casse ma forme humaine.
Pendant de longues minutes, je vais l’observer sans qu’il détecte ma présence.
Goupil et les cerises
Renard tranquille
Une pose pipi pour marquer son territoire, même s’il regarde dans ma direction il ne m’a toujours pas captée
Il remonte le champ et arrive à ma hauteur
Je l’observe en plein exercice de chasse au mulot
Mais chemin faisant, le renard est passé derrière moi et je ne suis plus à bon vent.
Je suis bloquée, si je bouge il va me voir, alors j’attends. Et au bout de quelques minutes le vent alerte mon goupil.
Il relève la tête et hume l’air. Il ne me voit pas mais préfère rentrer dans le bois.
le flair du goupil
Plaidoyer pour le renard
Une rencontre de ce type est d’une intensité incroyable. Comment ensuite oublier ce regard pénétrant ou encore cette souplesse du renard qui bondit comme un chat. Alors que ne l’oublions pas le renard est un canidé.
Depuis j’ai eu l’occasion de croiser d’autres renard et même des renardeaux
Renardeau
Une dame goupil aux yeux de velours
J’ai appris à les connaître. J’ai observé les jeunes découvrir leur territoire. Chaque individu est différent dans les deux jeunes de cette année, il y avait l’intrépide et le timide.
J’ai vu les parents chasser pour nourrir leurs petits alors je ne sais sans doute pas tout sur les renards mais j’ai quand même appris à les connaitre. Et, quand j’entends dire que cet animal est nuisible ou qu’un jeune de 16 ans qui vient tout juste d’avoir son permis de chasse s’est fait 17 renards à lui tout seul sur une saison qu’il en est fier alors là mon sang ne fait qu’un tour !
Je suis utile
Oui le renard est utile et certains agriculteurs commencent à le comprendre. En effet, un renard mange par environ 3000 mulots par an, c’est donc un allier précieux pour les céréaliers. Il leur évite d’épandre des pesticides comme la Bromadialone. Ce produit qui empoisonne les mulots mais aussi les rapaces qui les mangent. Ce poison pénètre dans les sols, se retrouve dans les cours d’eau et au final dans nos assiettes !
4 mulots dans la gueule, qui peut dire après ça que le goupil n’est pas utile !
Mais ce n’est pas tout, le renard est aussi un outil pour combattre la maladie de Lyme. Car en mangeant les mulots, il éradique une grande quantité de tiques qui se reproduisent sur les petits rongeurs.
Je vous invite à lire cet article sur le sujet.
L’acharnement
On accuse le renard de nombreux maux entre autre de transmettre l’échinococcose alvéolaire. D’ailleurs, à ce titre les chasseurs réclament des campagnes de tirs supplémentaires (tirs de nuits etc) pour faire diminuer la population de renard. C’est une erreur là encore des études ont été menées et ont démontré que dans les zones où on a le plus prélevé de renard le nombre d’individu porteur est en augmentation. On obtient donc l’effet inverse ! IL faut aussi savoir que le premier vecteur de la maladie chez l’homme c’est le chien. Ce dernier se contamine en mangeant des crottes de renard. Voilà pourquoi avant de vouloir tuer les renards il vaut mieux commencer par vermifuger son chien et avoir une bonne hygiène des mains !
Autre argument, le renard détruit le petit gibier. Ben oui il aurait tord de se priver d’un bon faisan qui a été élevé au grain par l’Homme et relâché dans la nature 15 jour avant le début de la chasse !
Le renard est un animal persécuté par l’Homme. Rendez-vous compte qu’il est possible de le chasser au terrier. C’est à dire de le déterrer et ce quand la mère élève les jeunes. Ces derniers sont bien souvent donnés vivants aux chiens! Cette pratique horrible s’applique aussi aux blaireaux!
Rétablir la vérité
Il est temps de rétablir la vérité sur le renard et d’abandonner ces croyances et pratiques de chasse moyenâgeuses.
Des associations telles que L’ASPAS ou Le collectif renard grand Est se mobilisent. Ils interviennent auprès des préfets ou encore des tribunaux et les choses bougent petit à petit. Alors n’hésitons pas à les soutenir.
Il faut faire connaître le renard, car on ne peut protéger que ce que l’on connait. C’est en faisant basculer l’opinion publique en faveur du renard qu’un jour il sera retiré de la liste des animaux nuisibles.
Aujourd’hui chez moi c’est l’ouverture de la chasse et je ne sais pas si au printemps prochain je reverrai tous ces Goupils qui n’ont offert cette saison encore de si grands moments de joie.
Comment peut-on vouloir du mal à un si bel animal?
Alors si comme moi votre cœur bat pour le goupil, n’hésitez pas à partager et à me laisser un petit commentaire
par Laurence Picot | Juil 10, 2018 | Récits |
Les faucons crécerelles comme tous les rapaces ne sont pas faciles à observer.
Ces oiseaux ont une excellente vue et bien souvent ils vous voient avant que vous ne les voyez et s’envolent bien vite.
Photographier les faucons nécessite donc de faire de longues heures de repérages et d’affût.
Toutefois, si on a la chance de trouver un site de nidification, les observations vont être beaucoup plus faciles.
Les faucons nichent dans la Hague
J’ai connaissance d’un site où les faucons crécerelles viennent presque tous les ans (depuis 3- 4 ans) pour nicher. On pourrait croire que les parents voudraient un lieu au calme retiré de toute activité humaine. Mais en réalité c’est tout le contraire. Les rapaces sont installés dans une cavité située en hauteur dans le mur d’une vielle maison. Et, ce qui est étrange, c’est que cette maison borde un parking sur un site touristique. (je n’en dirai pas plus pour préserver leur tranquillité).
Il y a donc certains jours énormément de passage et de véhicules sur la zone. Cependant, peu de passants remarquent les rapaces. Ces derniers peuvent donc vaquer tranquillement à leurs occupations.
Observations et suivi de la nichée des faucons
Cette année, je décide d’observer les faucons de la Hague. Je ne veux pas me contenter d’aller les voir une fois. J’ai l’intension de les suivre pour voir comment le couple s’organise, combien de petits vont naître, comment les parents vont les élever….
Je suis allée sur site chaque semaine entre le 27 mai et le 6 juillet et toutes ces visites m’ont appris beaucoup de choses sur les faucons crécerelles.
27 mai 2018
8h30 au matin, j’arrive sur le parking, il n’y a que moi. Pour le moment, je ne vois pas les faucons. J’observe les alentours et il n’y pas le moindre rapace dans le ciel. je regarde la maison et la cavité dans le mur. En prenant du recul et grâce au téléobjectif, j’arrive à distinguer un faucon au nid. c’est la femelle, elle en train de couver et on la remarque à peine.
Je passe une heure à me promener aux alentours quand soudain j’entends un cri perçant et presque instantanément la femelle est en vol. Elle va rejoindre le mâle qui l’attend sur un toit voisin.
Monsieur vient lui apporter une proie. Dame faucon s’en saisi et l’emporte pour aller la déguster plus loin.
Le repas prend moins de 10 minutes et après cela madame faucon en profite pour faire un peu d’étirement de pattes et d’ailes avant de retourner couver dans la cavité.
Le mâle quant à lui est déjà reparti en chasse car les faucons ont tous deux une mission attitrée.
16 juin 2018
C’est ma 3 ème visite aux faucons crécerelle. 28 jours après la ponte, les petits faucons sont nés. Ils n’ont que quelques jours et sont couverts d’un fin duvet blanc.
De temps en temps, l’un deux se redresse et pointe le bout du bec.
Les parents se relaient pour apporter les proies.
Comme les petits sont trop jeunes pour se nourrir seuls, les parents doivent dépecer les proies et distribuer la nourriture.
24 juin 2018
C’est incroyable comme en 8 jours les petits ont grossi ! Ils semblent bien à l’étroit et ce n’est pas étonnant car ils sont 5 dans le nid !
Les parents sont très occupés. Ils font des aller-retour pour tenter de rassasier tous ces petits voraces !
Les jeunes sont encore nourris par les parents mais le mâle est moins prévenant. Et souvent, il se contente de déposer la proie et repart très vite.
Voilà une erreur que commet le père trop pressé…En effet, quelques minutes à peine après son départ je vois apparaître un mulot à la « fenêtre » du nid !
Celui-ci a dû faire le mort quand le père l’a capturé. Pourtant il est bien vivant mais un mulot, parmi 5 jeunes faucons, même peu expérimentés pour se nourrir seuls, n’a pas intérêt à traîner là.
Aussi, pour sauver sa peau, le mulot n’a pas d’autre choix que de faire le grand saut. Et il se retrouve 6m plus bas sur le bitume. Il a l’air un peu sonné mais il est vivant.
29 juin 2018
Cinq jours plus tard, les jeunes sont plus gros. Ils grandissent vite et le duvet laisse progressivement place au plumage.
Certains des jeunes sont plus gros et l’un d’entre eux l’est tout particulièrement. Cela s’explique par le fait qu’il s’accapare une bonne partie de la nourriture. Voilà pourquoi celui là je l’ai surnommé » le goinfre » .Et maintenant que les jeunes sont capables de manger les proies seuls, c’est le plus fort qui mange en premier.
Mais heureusement que la mère veille, elle apporte une proie en partie dépecée et c’est elle qui assure la distribution des portions. Ainsi, chaque jeune reçoit sa part de nourriture.
6 Juillet 2018
Les jeunes sont méconnaissables et pour quelqu’un qui ne les a pas suivi depuis le début il est possible au premier coup d’œil de les confondre avec la femelle adulte. Mais quelques petites traces de duvet et l’attitude hésitante des faucons au bord du vide permettent de faire la différence. Malgré tout ils ont déjà fière allure !
Les petits faucons se chamaillent, parfois même ils se poussent, mais celui qui arrive trop près du bord recule bien vite. Car même s’ils ont envie de sortir, se lancer dans le vide est encore une étape à franchir. Régulièrement les parents les appellent les petits mais ces derniers ne sont pas encore décidés à prendre leur envol !
Alors les adultes n’ont pas d’autre choix que de continuer à ravitailler la petite famille.
Mais là plus question de passer du temps au nourrissage, car à peine la proie déposée qu’elle est saisie et engloutie toute entière par un des jeunes.
Il n’y a pas à dire avec 7 faucons sur le site, la population de mulot a pris une grosse claque !
La semaine prochaine il y a fort à parier que les jeunes ne seront plus au nid.
11 juillet 2018
Effectivement, les jeunes ont quitté le nid aujourd’hui ! Mais ils ne sont pas loin, ils sont posés sur les toits à proximité du nid.
Celui là n’arrive pas encore à bien voler, il sautille de plot en plot…
De plus son équilibre et encore précaire.
Mais il fini par prendre de l’assurance et s’élance
Mais attention au retour il ne faut pas oublier de déployer le train d’atterrissage..
Pendant cette séance, les parent,s contrairement aux autres jours, ne sont pas venus nourrir les jeunes.
Mais, ils ont déposé des proies sur les toits pour obliger les jeunes faucons à sortir se nourrir.
Et les jeunes ont vite compris la manœuvre !
Après tous ces effort c’est un retour au nid pour un repos bien mérité !
Ils ont pris leur envol mais resteront encore un peu sur la zone car les parent doivent encore apprendre aux jeunes à chasser pour qu’ils prennent définitivement leur indépendance. Alors, petits faucons, je vous souhaite bon vent et longue vie !
par Laurence Picot | Avr 22, 2018 | Récits |
Progresser, c’est bien le but de tout photographe. Mais, le chemin peut parfois sembler long et laborieux. Cependant il faut se dire que cela fait partie de notre démarche photographique. Voilà pourquoi aujourd’hui, je vais vous parler de mon parcours et des étapes qui m’ont fait progresser en photographie.
Au début….
J’ai toujours aimé prendre des photos, mais j’ai vraiment commencé vers 2002 dans le domaine assez atypique de la photo sous-marine. Je me suis formée à la plongée dans la Manche. Beaucoup de personnes me demandaient ce que je pouvais bien voir au fond… Et oui, la Manche, ce n’est pas l’eau claire de la Méditerranée, mais, c’est très riche en espèces animales et végétales. Alors, la photo sous marine est pour moi le moyen de prouver que les plongées en Manche sont très belles!
Progresser en photo sous-marine n’est pas simple. Il faut s’adapter au milieu et maîtriser la technique de plongée avant tout. Car quand il y a du courant, se stabiliser pour prendre une photo relève parfois du défit. Ensuite il y a le matériel, ne disposant pas de beaucoup de moyen, j’ai utilisé un petit boitier Canon compact dans son caisson étanche. Comme en Manche, l’eau est chargée de particules de plancton et que la visibilité peut-être réduite à moins d’un mètre, je me suis contentée de faire de la macro et de la proxi et cela m’a suffit pendant pas mal d’années. Je pratiquais la photo dans un but naturaliste et mes quelques 500 plongées m’ont permis de rapporter quelques clichés bien sympathiques aussi bien dans la Manche que dans les mers chaudes.
Crevette Periclimenes – mer de la Manche – Cherbourg
Limace de mer – Antiopelle – mer de la Manche – Cherbourg
Blennie gattorugine – mer de la Manche -Cherbourg
Mais après…
Seulement voilà, pendant toutes ces années je suis restée en mode tout automatique. Mon APN, ne me permet pas de passer en mode manuel et de choisir tous mes paramètres de prises de vue. Tout au plus, je choisi les modes macro, sous-marin et flash forcé. Mais pour le reste, c’est l’appareil qui décide.
Mon club de plongée organise un cours sur la photo. On étudie le matériel et dès le début je suis frustrée. Le mien ne me permet pas grand choix de réglage. Pendant le cours, j’entends parler de focale, d’ouverture, d’iso, de profondeur de champ etc….Bref tout ça pour moi c’est du chinois. Concrètement cela signifie que je prends des photos, mais que je ne fais pas de photo, je n’y connais rien. Et moi, j’aime bien comprendre et je veux progresser !
Progresser, oui mais comment ?
Faire évoluer son matériel
J’ai tout d’abord acheté un nouvel APN qui m’a permis d’avoir de nouveaux modes, de passer en manuel et de photographier en RAW. j’ai également ajouté un flash déporté. Je commencé à apprendre à jouer avec les paramètres d’ouverture et de vitesse. Je photographie désormais en Raw et non plus en jpeg et je commence à post-traiter un peu mes photos.
Les forums liés à la pratiques de la photo-sous marine sont aussi un bon moyen pour progresser ou au moins aiguiser son regard photographique avec les photos postées par d’autres photographes. C’est aussi en échangeant sur ces forums que j’ai vu une annonce sur la vente d’un petit réflex et de son caisson. C’est du matériel d’occasion qui malgré tout représente un investissement. Mais c’est plus en adéquation avec mon budget. Et puis il ne faut pas négliger le risque de noyade du matériel au cours d’une plongée. Mieux vaux donc être prudent et ne pas trop investir….Là avec cet achat je fais vraiment évoluer mon matériel.
Juin 2013, j’attends donc l’arrivée de mon Nikon D80 et de son caisson (me voilà devenue Nikoniste). En attendant, je plonge avec mon APN Canon G12. Mais au cours d’une plongée je me perce un tympan. La saison de plongée est finie pour moi et me voilà avec mon 1er boitier réflex qui arrive….
Bon il faut positiver, je décide de mettre à profit ce temps libre (plus de plongée) pour apprendre à me servir de mon matériel.
Se former pour progresser
Pour mon boitier, je décide d’ acheter deux objectifs. Un 18-105 qui va me permettre de faire du paysage et un 40mm macro que je vais dans un 1er temps utiliser pour faire de la macro « terrestre » mais qui à terme va me servir pour faire de la macro et de la proxi en photo sous-marine dès que je vais pouvoir replonger.
Maintenant, il me faut apprendre. Je décide de passer en mode tout manuel et je tente pleins de réglages. Je découvre pas mal de chose mais apprendre seul à ses limites. Un ami me conseille de visionner des tutos sur internet et me recommande le site de Blaise Fiedler FOTOLOCO
Grâce aux vidéos de Blaise, j’apprends les bases et le vocabulaire de la photo, et petit à petit je commence à maîtriser la technique tout en apprivoisant mon matériel.
Au départ sur Fotoloco on trouvait plutôt des photographes qui pratiquent de la photo en studio. Mais moi cela ne me convient pas, j’ai besoin d’autre chose.
Trouver le domaine photographique qui me convient pour progresser
Ce que j’aime c’est être dehors, dans la nature. Donc après avoir fait mes premières armes sur les insectes et un peu de paysage je veux apprendre la photographie animalière.
Les tutos sur Fotoloco m’ont permis de progresser en macro
C’est avec la formation « les ateliers du photographe animalier » de Régis MOSCARDINI que je me lance dans cette voie. Je dévore littéralement tous les cours. Sur les conseils de Régis, je choisi le sujet sur lequel je vais me concentrer : « le chevreuil » . Il faut apprendre à le connaître, savoir identifier les traces et indices de présence. Puis passer à l’observation et enfin à la photographie.
Ma progression photographique
Mon matériel
Revenons un instant au matériel que j’ai utilisé ces 4 dernières années.
J’ai bien sûr commencé avec mon D80 auquel j’ai associé un petit téléobjectif 55-300 Nikon (au passage je vous le déconseille) le l’ai vite remplacé par le 120-400 de sigma, mais mon D80 avait du mal à suivre. Donc j’ai investi dans le boîtier D7100 Nikon. Le couple D7100 et 120-400 sigma fonctionne bien pour démarrer. J’ai aussi acheté d’occasion un 300mm F4. Cet objectif me permettait de faire de l’animalier mais aussi de la proxi pour photographier les papillons. Malheureusement cet objectif m’a été volé et je n’ai pu le remplacer. Depuis un an je suis passée au boitier Nikon D500 avec le téléobjectif 200-500 f5.6, une configuration qui me satisfait pleinement.
C’est vrai que j’ai beaucoup fait évoluer mon matériel entre 2014 et 2017. Comme on le dit souvent ce n’est pas le matériel qui fait le photographe, mais il faut bien reconnaître que partir avec du matériel de qualité est un bon point. De plus il est préférable de bien choisir son équipement pour ne pas être déçu et risquer de perdre trop d’argent en faisant évoluer trop souvent son matériel.
Mes photos
Mais revenons à nos moutons ou plus exactement à nos chevreuils. N’allez pas croire que dès le début j’ai réussi de très belles photos de chevreuil. Aujourd’hui j’ai dans ma photothèque entre 500 et 600 photos de chevreuils. Seulement avec le temps et l’expérience on devient beaucoup plus critique et si je fais le tri maintenant je pense que ne vais en conserver qu’ une cinquantaine! De même il y a fort à parier qu’un photographe chevronné en gardera encore bien moins….
C’est ce tri qui m’a conduit à écrire cet article car lorsque je me mets les clichés côte à côte je me rends plus compte du chemin parcouru. Et au fond c’est encourageant !
Voici donc une sélection pour illustrer tout ça :
2014
une de mes 1 ères photo de chevreuil : environnement pas esthétique, mal cadré, pas de piqué etc….
2015
un an plus tard, j’ai trouvé un meilleur spot, l’environnement est plus esthétique, je suis mieux cachée, les chevreuils s’approchent plus
2016
En 2016, je mets à profit la belle lumière dorée de la fin de journée
2017
En 2017, j’ose des ambiances plus feutrées
je passe plus de temps à l’affût et j’observe les jeunes, toujours avec une profondeur de champ relativement faible (5.6) pour avoir un environnement fondu
2018
je recherche toujours les lumières, les ambiances qui vont me permettre de mettre mon sujet en valeur
Je n’ai pas le sentiment d’avoir fait le tour de mon sujet. Et aujourd’hui j’ai envie de capter des ambiances, des attitudes, des lumières différentes et je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir….
En conclusion
Bien sûr, le chevreuil n’est pas le seul sujet que j’aborde en photographie, mais il restera toujours un de mes préférés.
Pour progresser il ne faut pas négliger les stages photos avec des professionnels ni, les expositions qui permettent à la fois de rencontrer, d’échanger avec d’autre photographes et aussi d’aiguiser son regard.
Et vous, vous en êtes où dans votre démarche photographique? N’hésitez pas à vous exprimer dans les commentaires. Je serai ravie d’échanger avec vous sur ce sujet.
par Laurence Picot | Mar 12, 2018 | Récits |
Traces et indices, en photo animalière c’est par là que commence notre démarche photographique. En effet, si demain je décide de partir sur un coup de tête, photographier une espèce en particulier, sans aucune préparation, je vais avoir de grandes chances de revenir bredouille et donc déçue !
J’ai publié cet article le 27 février 2018 sur le site de Régis Moscardini « Auxois Nature« . Je vous invite à découvrir les articles publiés par Régis ou ces autres invités. Régis réalise régulièrement des interviews de photographes animaliers. N’hésitez pas à aller écouter les nombreux Podcast.
Se documenter
Après avoir choisi l’animal que vous voulez photographier, il faut se documenter. Cette étape est importante. Car, comment voulez-vous repérer la présence d’un chevreuil (par exemple) si vous ne savez pas quels types de traces et d’indices le chevreuil laisse lors de son passage.
Commencez par une recherche sur internet afin de recueillir suffisamment d’informations pour démarrer votre enquête sur le terrain.
Traces, indices et terminologie
Les traces et indices de présence animale sont nombreux. Bien sûr, la première chose qui vient à l’idée ce sont les empreintes de pas. Mais ce ne sont pas les seuls indices à rechercher. Voici donc une petite liste d’indices qui vous mettront sur la bonne piste :
- Les empreintes, il est facile de les observer dans les sols meubles, dans la boue, aux abords d’un cour d’eau ou encore dans la neige. On distingue les empreintes :
- à ongles ou sabots = 2 doigts visibles : chevreuil, cerf, 4 doigts visibles: sanglier…
- à pelotes avec des griffes = 4 pelotes : renard, loup; 5 pelotes : ours, martres, blaireau; empreintes de mains : lièvre, écureuil
- à doigt en fourches ou en étoiles, palmées ou non = oiseaux.
- Les coulées, ce sont des sentiers, plus ou moins marqués par le passage régulier des animaux.
- Les frottis ou régalis sont des marques d’écorçage sur les troncs des jeunes arbres et qui sont dues au frottement des bois du chevreuil.
- Les laissées correspondent aux crottes des animaux, chez certaines espèces elles sont très caractéristiques et constituent donc de bons indices de présences.
- Les restes de repas permettent parfois de savoir quel animal est venu se restaurer
- Les couches désignent les lieux où les animaux viennent dormir.
- La souille, c’est une sorte de cuvette peu profonde, dans le sol, qui se rempli d’eau. Les sangliers aiment s’y dérouler dans la boue.
- Les terriers
- Les nids d’oiseaux ou de mammifère (écureuil)
- Les loges sont des cavités que certains oiseaux, comme les pics creusent dans les arbres. D’anciennes loges peuvent servir de gîte à de petits mammifères
- Les poils qui s’accrochent dans les barbelés
Le repérage des traces et indices
Nous voilà dans la phase cruciale. Le repérage permet de faire un relever des traces et indices de présence de l’animal recherché. Pour cela il est nécessaire d’arpenter le territoire que vous avez au préalable défini. On dit souvent que pour faire un bon repérage il faut faire au moins deux passages. Le premier, le nez par terre, le second le nez en l’air ! Mais, pour optimiser la séance de repérage il faut emporter un peu de matériel :
- Une paire de jumelle, bien utile pour vérifier si un animal est présent sur la zone à inspecter.
- L’appareil photo (ou un smartphone) pour photographier les traces que vous allez observer afin de pouvoir ensuite les identifier.
- Un carnet pour prendre des notes.
- Une règle graduée, c’est un outil indispensable pour mesurer les empreintes, donner une échelle sur les photos et faciliter leur identification.
Mes relevés de traces et indices
Au cours de mes séances de repérage, j’ai collecté un certain nombre de traces et d’indices. Je les ai photographiés et répertoriés. Je vais donc pouvoir partager ces photos avec vous afin de vous aider dans vos futures séances de repérage. Bien sûr je ne prétends pas être exhaustive car ceci n’est que le fruit de mes observations. Voilà pourquoi parfois, pour une espèce je dispose de plusieurs documents alors que pour d’autre, j’en ai très peu. Certaines photos sont prises avec mon téléphone portable. Mais, même si la qualité n’est pas toujours optimale cela donne déjà un bon aperçu.
Le chevreuil – Traces et indices
En se promenant dans les chemins, on repère facilement les coulées que les chevreuils rempruntent. D’ailleurs si vous regardez, bien les trouées d’entrée et de sortie sont généralement face à face.
Voici une coulée de chevreuil, les passages successifs ont marqué la végétation.
Empreinte de chevreuil, elle mesure de 3 à 5 cm. En fonction de l’allure à laquelle le chevreuil se déplace, les ongles peuvent être plus ou moins écartés.
Ici, un chevreuil a écorcé un jeune arbre avec ses bois
Les crottes de chevreuils sont appelées « moquette ». Elles forment de petits cylindres, dont une des extrémités est légèrement pointue
Voici un gîte ou encore une couche. Un chevreuil est venu se reposer ici. Il a préparé sa couche, gratté le sol pour le mettre à nu.
Le sanglier – Traces et indices
Quand un sanglier a séjourné dans un champ, on ne peut pas manquer les traces de son passage ! En effet la sanglier est un laboureur. C’est donc généralement un terrain avec de grandes zones de terre retournées qui sera l’indice le plus flagrant.
Cette plaque de terre retournée mesure environ 50cm², mais il y en avait plusieurs dans la même parcelle de prairie.
Le sanglier est capable de parcourir de nombreux kilomètres en une nuit et même s’il passe une fois rien ne garantit qu’il va revenir au même endroit les jours suivants. Alors, pour augmenter les chances d’observation, le mieux est de trouver une souille. Car le sanglier aura plus de chance de revenir s’y dérouler.
Cette souille est régulièrement fréquentée par un sanglier.
En général, après s’être roulé dans la boue, le sanglier se frotte sur un arbre ou un piquet tout proche.
Ce piquet recouvert de boue séchée est situé à 3m de la souille
Les traces de sanglier sont un peu plus difficiles à reconnaître et peuvent être confondues avec celles du cerf surtout quand les gardes à l’arrière du pied ne sont pas marquées dans le sol.
Mais comme chez moi il n’y a pas de cerf cela réduit les risques de confusion.
Voici une empreinte de sanglier, elle est plus grande que celle du chevreuil, de 5 à 8 cm. Elle est aussi beaucoup plus ronde et les ongles sont plus écartés. Notez qu’ici les gardes ne sont pas marquées.
Enfin, les laissées de sanglier, elles forment des sortes de boudin de 10cm de long et de couleur noirâtre.
Laissées de sanglier, en forme de boudins, constitués de plusieurs éléments agglomérés .
Le renard – Traces et indices
Les terriers de renard sont variés et le renard en possède plusieurs. Il y a donc souvent un terrier principal et des terriers secondaires. Mais, le renard creuse rarement son terrier. Il préfère agrandir celui d’un lapin ou mieux encore, occuper un terrier de blaireau. D’ailleurs il est courant de voir cohabiter renard et blaireau dans un terrier.
Voici un terrier, son ouverture (d’environ 30 cm) pourrait convenir au renard. Notez que si la gueule du terrier est obstruée par des toiles d’araignées, il y a peu de chance que le terrier soit habité.
Les traces du renard sont souvent confondues avec celle du chien. Cependant quelques indices permettent de faire la différence.
L’empreinte du renard est ovale et toutes les griffes pointent vers l’avant
L’empreinte du chien est plus ronde et plus évasée. Les griffes latérales pointent vers les côtés.
Les restes de repas sont également de bons indices de présence.
Reste de repas
Pas de doute il s’est fait plumé
La victime est là partiellement dévorée.
Les crottes du renard sont assez caractéristiques, surtout en été où elles sont pleines de noyaux de cerises.
Mais en hiver on peut aussi les repérer.
Ces crottes de renard contiennent de nombreux poils et des débris d’os qui résultent des proies que le renard mange. L’une des extrémités d’une crotte de renard est pointue.
Le blaireau – Traces et indices
Le blaireau est un terrassier; il est capable de déplacer des mètres cube de terre pour creuser ses galeries. Voilà une des raisons pour lesquels il est mal aimé.
La blaireautière regroupe de nombreux terriers. Chaque terrier comporte de plusieurs galeries et aussi plusieurs sorties. Les blairautières sont souvent en sous bois, dans les talus mais certaines se trouvent en plein champ en milieu ouvert.
Cette blaireautière est dans le talus tout au long du chemin, les galeries se prolongent derrière dans le sous bois. Elle compte une trentaine de gueule de terrier.
Une grande quantité de terre fraîchement remuée au niveau de différentes entrées indique que le terrier est occupé.
Régulièrement le blaireau façonne son terrier et évacue la terre pour entretenir ou agrandir ses galeries
L’entrée du terrier se fait grâce à une pente en forme de toboggan qui permet au blaireau de glisser rapidement dans son abri.
Comme le blaireau est un animal très propre, il ne crotte jamais dans son terrier. Voilà pourquoi il est fréquent aux abords des terriers de trouver des pots à crottes. Le blaireau creuse de petits trous et y dépose ses crottes.
Un pot à crotte de blaireau
Les empreintes de blaireaux sont assez caractéristiques. Mais pour cela il faut que les 5 doigts soient bien marqués dans la boue.
Ici, une empreinte de blaireau, le 5 ème doigt est tout au bord de la réglette. A l’extrémité on voit les traces des griffes.
L’écureuil – Traces et indices
Pour repérer la présence d’un écureuil, il faut chercher les traces des restes de ses repas. Comme par exemple les pommes de pins ou encore des noisettes décortiquées. Mais attention les mulots mangent souvent les mêmes aliments. Cependant leur façon de les manger permet de différencier l’écureuil du mulot.
L’écureuil mange partiellement le fruit du conifère alors que le mulot lui dévore tout.
L’écureuil grignote l’extrémité pointue de la noisette. Rapidement une fente apparaît. L’écureuil y glisse ses incisives et la coquille éclate en deux.
Les deux morceaux de la coquille.
Un écureuil a mangé la noisette ouverte en deux, mais c’est un mulot qui a mangé l’autre en ne faisant qu’un trou.
Après avoir trouvé les indices au sol, il faut lever les yeux et chercher le nid de l’écureuil à la cime des arbres. L’écureuil construit son nid avec un assemblage de branchages et de feuilles. Voilà pourquoi il est plutôt difficile à repérer en été car il se confond avec la végétation. Donc il vaut mieux prospecter en hivers quand les arbres sont sans feuilles.
Nid d’écureuil
Nid d’écureuil, vu de plus près
La chouette – Traces et indices
A la tombée de la nuit, on entend facilement le cri de la chouette. Trouver d’autres indices et plus difficile. Au cour de mes promenades, j’ai remarqué des arbres avec de grandes traces de fiente le long du tronc. Et, au pied de l’un d’eux il y avait des pelotes de réjection
Pelotes de réjection que la chouette recrache après avoir mangé ses proies (mulots). Les pelotes sont pleines de poils et de petits os.
Le pic – Traces et indices
On entend le pic creuser sa loge avant de le voir.
Le pic creuse sa loge dans un arbre tendre, souvent un arbre mort. on trouve souvent plusieurs loges sur le même arbre.
Le relevé d’empreinte
C’est une activité ludique que vous pouvez pratiquez avec des enfants. Les petits enquêteurs auront vite fait de trouver des empreintes et seront ravis de repartir avec leur moulage en plâtre. Aussi, munissez vous d’un peu de plâtre en poudre, d’une bouteille vide en plastique coupée, d’une bouteille d’eau, de quelques cercles de boîte de camembert et d’une spatule.
Cliquez ICI pour découvrir en vidéo comment réaliser vos moulages
Conclusion
Voilà, à vous maintenant et de vous constituer votre propre collection de traces et d’indices de présence des animaux.
Mettez à profit la saison hivernale pour chercher les traces car les sols sont meubles. De même, il faut sortir quand le manteau neigeux est présent. Car, la neige est un véritable livre ouvert pour celui qui veut suivre les animaux à la trace.
J’ai collecté toutes les photos de l’article sur plusieurs saisons. Alors soyez patients et surtout attentifs pendant vos sorties !
Je vous donne un dernier conseil car même si vous avez collecté des indices, avant de vous lancer dans de longues heures d’affût, il peut être intéressant de poser une caméra dite « piège photographique ». Ainsi, vous aurez confirmation du passage des animaux, de leur nombre et aussi des heures de passage. Pour cela pas besoin d’investir dans un model haute gamme. Une caméra premier prix ( entre 80 et 100€) fera l’affaire. Attention, pensez à demander l’autorisation du propriétaire du terrain avant de poser la caméra et sécurisez la pour ne pas vous la faire voler.
N’hésitez pas à me mettre vos commentaires à la suite de cet article. Et si vous souhaitez être informé des futurs articles, abonnez-vous à la newsletter.